21 février 2010



Stigmates

-Salut! Comme d'hab?
"Ouaip! Expresso, allongé.. un sucre, s'il te plait."

Je suis assise, dans ce même café comme à (quasi) tout les dimanches après midi. J'adore cet endroit. C'est calme, les gens ne se la pète pas. Le café est bon et il y a des coussins, à mettre sous nos fesses. 'Fait chaud, je suis bien.

-Voilà mademoiselle.
"Merci."

Et là, mes yeux se sont posés plus qu'intensément sur les bras frêles de ma serveuse, habituellement couverts jusqu'à ses premières phalanges.

"... euh. Tes bras."

Je sais. J'aurais du me taire, mais le mode filtre, dans ma bouche, est rarement activé. Elle, elle a rougis, ses yeux se sont remplis d'eau et elle a reviré les talons. Moi, gênée, paniquée, je me suis levée et ma main a empoigné un de ses bras balafré.

"Je suis désolée, vraiment. Mais je veux dire, tu t'es toi même exposée, tu travaille au public et.. bien tes bras sont à la vue de tous... Attends toi à des questionnements, han, tsé. ... "

Elle a tenté de reprendre son souffle et m'as difficilement répondu que je ne pouvais pas comprendre. Que MOI je ne souffrais pas... Ou un truc du genre. Je crois qu'elle était sur le bord de l'hyperventilation..

"Va porter ton tablier, ton air vert a besoin d'être aéré."

Et nous sommes sorties. J'ai pas trop compris ce que son arabe de patron lui a jargonné mais ça semblait être tout un aria quitter.. vieux con.

Je la tenais par les épaules, elle tremblait et je doute que se soit causé par le froid. On a marché longtemps, avant qu'elle ne se mette à parler.

[...]

"Viens, on va aller chez moi, j'ai quelque chose à te montrer" lui dis-je..

Rendues chez moi, j'ai retiré mes bottes et remonté ma jupe juste au dessus de mes bas aux cuisses...

"Descends les.."

Elle s'est exécutée. Aux genoux elle s'arrêta net, me fixa de ses grands yeux noirs.

-T'es comme moi alors?

On dirait que son univers venait de basculer.

Elle s'est mise a embrasser mes plaies cicatrisées avec une lenteur hors normes sans jamais me lâcher du regard. Mes mains se sont plongées dans son épaisse tignasse noire. Sa bouche, a remonté tout le long de mes stigmates pour se poser par dessus mon string, déjà trempé de désir pour cette petite gamine blessée.

J'avais chaud, très chaud. Et ce truc, dans ses yeux que je ne comprenais pas.. Ou plutôt plus ou moins.. Mélange d'empathie et d'impétuosité.. Déstabilisant? Terriblement. Elle avait cette hargne que j'ai (trop) souvent ressentie, mais encore, ce spleen total.

Mon string, maintenant complètement trempé par sa salive et ma soif pour cette petite guerrière émotive commençait à être un obstacle à nos fantaisies. Nous l'avons retiré, à deux.
Je crois qu'elle me parlait, sans mots, tout en lichant ma chatte. Elle me racontait une histoire, son histoire. C'était terriblement triste, mélancolique.. Inlassable elle mangeait mon sexe. Des larmes ont coulé le long de ses joues creuses quand mes cuisses se sont mises à trembler. Au rythme de ses coup de langue, l'entre jambe dégoulinant de cyprine, de salive et de pleurs, j'ai joui comme jamais. J'ai joui comme il n'était pas permis, mes cuisses fermées sur sa tête, emprisonnant son visage, scotché à mon sexe gonflé et humide..

Elle m'as laissée son mail, elle veut que je lui raconte mon histoire. Pour ma part, je ne suis peut-être pas prête à ça mais elle, elle peut toujours venir se réfugier, entre mes jambes, triste fille..



Mes jambes, elles effraient les mecs sains et les fillettes qui n'ont rien connu de la souffrance.
Ses bras, l'effraie elle même. Mais dans toute cette douleur, infligée par nous mêmes, nous avons su nous retrouver. Belle, belle gamine..

3 commentaires:

  1. L'Coeur: Nous connaissons une fille qui se coupe sur les jambes lorsqu'elle fait une crise de panique et/ou d'angoisse. Elle se pince, se grafigne... c'est pour changer le mal de place, se changer les idées. Un peu comme baiser, tout pour oublier. Malgré que ces gens là ne recherchent pas nécessairement de la pitié, c'est plus fort que moi, j'aimerais pouvoir faire quelque chose.

    La Tête: Rien à faire. Si elles finissent par s'en sortir, ça sera de leur propre gré.

    SP4M: Du moins, de se faire comprendre et de se faire accepter, c'est déjà un petit plus je crois.

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  2. Comme te dis ta tête, il n'y a pas grand chose, malheureusement, que tu puisse faire sauf d'être là si la personne décide de s'ouvrir à toi.

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  3. Merveilleux texte, sombre, poétique, touchant et profond.

    Je serais curieux de les connaître, moi, ces plaies. Ce sont ces plaies qui font de nous les salauds/salopes que nous sommes.

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